« Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. » , Leibniz

A Séoul, dans un hôpital comme tant d’autres, un nouveau né annonçait sa venue au monde dans de petits cris stridents, signalant la bonne santé de l’enfant. De sexe féminin, cet enfant fut appelé Min Hee, était un bébé aussi adorable que tout autre et, par chance,  était née dans une famille aisée, pouvant combler ses futurs besoins.
Si, en tant que bambin, la petite n’avait besoin que d’amour, de lait et de sommeil, très vite, cela changea, et ce au fil de sa croissance. Car oui, l’enfant, comme pour tout parent, sembla grandir très vite.
Song Min Hee s’avéra très vite posséder un caractère affirmé : plutôt gâtée, elle estimait que tout lui était dû, et ceci la mena à très vite piquer des colères phénoménales afin d’obtenir ce qu’on ne lui donnait pas. Ce côté colérique se traduisit d’ailleurs également par l’absence de ses parents qui, pour garder cette bonne situation, ne pouvaient lui apporter tout le temps dont elle avait besoin. Bien évidemment, une nourrice s’occupa d’elle, mais celle-ci ne comblait le vide parental.
Au fil des années, Song Min Hee acquit une certaine indépendance concernant sa famille : aucun besoin de nourrice puisqu’elle apprit très vite à se débrouiller seule. Cette fois-ci, ce nouveau trait naquit pour deux raisons… La première fut d’impressionner ses parents, afin de leur faire éprouver une certaine fierté en voyant leur fille passer de l’enfant à problème à l’enfant studieuse. La seconde, et non des moindres, fut de se débarrasser de sa très chère nourrice qui était, selon Min Hee, de trop dans le paysage. Cependant, si elle réussit à obtenir satisfaction quant à son second but, le premier ne fut réalisé que l’espace de quelques jours  avant que ses parents ne s’habituent pleinement à la nouvelle jeune Min Hee.
L’adolescence, pour Min Hee, fut  tout ce qu’il y a de plus normale, rien de réellement extraordinaire ne bousculait son quotidien. Mais comme tous jeunes gens pré-pubères ou en pleine puberté, cette période fut secouée (et l’est toujours un peu) par de nombreux changements, qu’ils soient physiques ou moraux. Min Hee se chercha longtemps, avant de trouver une manière d’être bien dans sa peau, et physiquement, son corps évolua rapidement, faisant naître les courbes de la féminité.
Et dans cette recherche d’elle-même, Min Hee trouva un certain contrepoids de l’absence de ses parents, au travers de l’attention que lui apportait autrui. Elle apprit bien vite que les « petites pestes », « fauteuses de troubles » et « langues de vipère » étaient souvent mieux appréciée, ou tout du moins plus entourées, que les individus les plus gentils. Alors oui, elle devint ainsi, accompagnée d’un petit nombre restreint d’autres demoiselles bien plus mesquines qu’elle, pourtant, en « sympathisant » avec  elles et au vue de sa solitude au logis, Min Hee resta dans cette optique pessimiste que l’on ne peut compter que sur soi-même.
Mais, bien qu’elle ait elle-même choisi cette attention malsaine de la part des autres, elle commença à saturer, doucement, jusqu’à commencer à suffoquer. Sans qu’elle ne comprit réellement pourquoi, une fois à l’abri du regard des autres, Min Hee se mit à éprouver des difficultés respiratoires de quelques minutes, souvent accompagnées de sanglots. Si elle ignora un temps ce qu’était ces crises, elle apprit très vite que le stress pouvait la mener à faire des « crises de paniques », aussi nommées « crises d’angoisse ».
Il allait sans dire qu’elle ne pouvait décemment pas dévoiler un signe de faiblesse à qui que ce soit, et elle tenta d’évacuer le stress aà travers diverses activités (sportives, artistiques, etc.). Pourtant, cette nervosité ne semblait cesser de croitre et, toujours à la recherche de sa solution miracle, Min Hee tomba dans la drogue. A la fois doux paradis et enfer intérieur, Min Hee mit un certain temps à réellement s’habituer à ces substances illégales. A force pourtant, son corps prit l’habitude, et s’il était possible pour Min Hee d’arrêter d’en consommer, sauf sous la contrainte, elle ne s’y tenterait pas, puisque ces états seconds lui étaient, selon elle, bénéfiques, l’emmenant loin d’une réalité qui ne lui a jamais réellement convenue. Cette consommation lui permettait, entre autre, de ranger ses peurs et ses angoisses dans un coin de sa tête, au profit d’un état second.
Pourtant, comme dirait Leibniz : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » au final… Ou tout du moins était. Car en une fraction de seconde, sa vie de lycéenne « normale » prit une tout autre tournure.
De cette nuit, dans laquelle on la tira du lit dans un état de fatigue et de « sobriété » extrême, Min Hee n’a pas réellement de souvenirs. On lui indiqua, selon elle, de préparer un sac, chose qu’elle n’eut pas à faire puisque celui-ci était déjà fait pour cause de projets pour le week-end. Outre cela, la seule chose qui lui revient est son réveil, lorsqu’elle sentit la fraicheur de son collier explosif à même son cou à demi anesthésié par les différentes substances consommées la veille. Si son corps lui semblait porter le poids du monde sur lui, son esprit réussit à devenir rapidement alerté, les gémissements des autres élèves émergent ou des élèves paniqués ayant été comme un électrochoc. Elle ne connaissait pas le lieu dans lequel elle se trouvait, et son corps, outre les effets des drogues, lui semblait endolori.
Les explications de la situation lui semblèrent sortir tout droit d’un roman et irréelles, pourtant, elle fut contrainte de réaliser la réalité de la situation dans laquelle toute cette classe se trouvait embarquée.
Avec honnêteté, Min Hee ne se rappelle pas des raisons de cette boucherie, mais elle a, au contraire, pleinement conscience du principe de ce jeu : tuer ou être tuer. Bien évidement, cette connaissance lui permit de réaliser combien elle se devait de vivre, et de surcroît : vivre plus sainement.
Mais rien ne s’est réellement passé comme elle l’aurait souhaité jusque là : ses problèmes de drogues créèrent chez elle des réactions inattendues dont elle s’ignorait capable, et cela la mena à tuer, à main nue, l’un de ses anciens camarades. Elle n’avait pas réussi à simplement les laisser s’entretuer, et avait elle-même participé à ce carnage.
La force d’un être apeuré par la mort lui avait laissé de nombreux bleus, mais ce dont elle se souvient le mieux, c’est le craquement sec de la nuque de sa proie, un craquement rapide mais libérateur aussi, à la fois pour la proie que pour le prédateur. En effet, aujourd’hui, outre ses soucis à réellement cerner ses propres réactions à cause d’un manque certain de ses drogues dont elle n’a plus accès en libre service, Min Hee semble être devenue l’exemple même d’une schizophrène tiraillée entre un être apeuré et craintif, dépendant de l’aide des autres, et un être dangereux, prêt à tuer quiconque lui étant hostile ou indésirable, la mort de l’un ou de l’autre devenant alors une rédemption.