Min Na est née d’un père japonais et d’une mère coréenne le 27 Juin 1994 en Corée du Sud, plus précisément à Séoul. Ses parents, qui avaient jusque-là vécu à Ansan, avaient fait en sorte de trouver un plus grand appartement et un meilleur travail dans les environs de Séoul pour subvenir aux besoins de leur premier enfant. Ils ressemblaient tous deux au couple parfait, et ne pouvaient être plus heureux de la naissance de leur fille. Ils s’étaient sacrifiés pour que leur fille grandisse la plus heureuse possible, et avaient entièrement rénové la chambre dans laquelle elle logeait : les murs avaient été peints de leur propre chef, et ils avaient même repeints quelques vieux meubles pour qu’ils soient plus présentables.

« Mon chéri, regarde comme elle est magnifique… » La mère de Min Na, les yeux pleins d’émotions, se trouvait au-dessus du berceau tout neuf de la jeune fille. Le mari s’approcha d’elle en la prenant par la taille et l’embrassant sur le front avant de laisser voguer à son tour ses émotions auprès de leur nouveau-né. « Je ne pensais pas être capable un jour de faire quelque chose d’aussi beau. » Au même moment, Min Na, qui les regardait les yeux ronds, lâcha un petit rire et se mit à jouer avec ses pieds, articulant des sons sans signification possible. « Et pourtant, elle est aussi magnifique que toi. »

Min Na grandit dans un foyer rempli d’amour et n’avait aucune raison d’être malheureuse. Mais la vie doit bien finir par rappeler à chacun qu’elle n’est pas facile, et Min Na n’y échappa malheureusement pas. À l’âge de 8 ans, il fut diagnostiqué chez son père une Hémophilie A sévère. Il s’agit d’une maladie génétique dont le symptôme principal est une anomalie de la coagulation sanguine. Elle peut être plus ou moins sévère et n’apparaît pas forcément dès la naissance. Aucun traitement ne peut guérir cette maladie, mais il en existe un qui permet de vivre avec. Dans le cas de son père, s’agissant d’une hémophilie qualifiée sévère, il nécessitait des injections au moins une à deux fois par semaine et risquait des hémorragies et saignements sans raison évidente. Les injections permettaient de prévenir ces hémorragies et saignements, mais un accident ou même une opération pouvait lui être fatale car la coagulation dure plus longtemps chez une personne hémophile. L’hémophilie A étant une maladie génétique, elle fut immédiatement recherchée chez Min Na. Et effectivement, elle était également atteinte d’hémophilie A, mais d’une façon plutôt mineure à modérée : elle passait donc facilement inaperçu et ne pouvait nécessiter qu’une à deux injections par mois. Bien entendu, il était contre-indiqué pour elle de faire des activités où elle risquait de se blesser, et même si chez elle, les hémorragies sont extrêmement rares, elle a toujours des risques de saignements sans raison évidente, des « crises » qui nécessitent, pour plus de sécurité, une injection immédiate de facteur VIII. À son âge, Min Na avait encore du mal à saisir toute la gravité de sa maladie, et l’ambiance était devenue plus pesante dans sa famille. Sa mère s’inquiétait à la fois pour son mari et sa fille, au point d’être souvent surprotectrice. Min Na commença à vivre avec sa maladie, sans en éprouver trop d’inconfort au début. Ce qui avait été le plus difficile, c’était de l’habituer à avoir des piqûres souvent régulières. Mais elle s’accrocha et put vivre avec.

Min Na finit par faire sa première année au collège. Elle avait toujours été vue comme la jeune fille douce et fragile, inoffensive, et malheureusement elle faisait une proie de prédilection pour les jeunes garçons de son âge qui cherchait à s’en prendre à tout le monde et n’importe qui. Et s’en prendre à une jeune fille mignonne et inoffensive, c’était encore plus marrant, apparemment. De plus, les jeunes garçons qui l’avaient pris pour cible étaient des enfants ayant des parents importants pour le financement de l’établissement, et il n’y avait donc que peu de personne qui osait les empêcher de faire quelque chose. Mais heureusement, Min Na ne fut jamais totalement seule à cette période : elle avait à ses côté une jeune fille ayant une personnalité forte qui prit la peine de la défendre, allant un jour jusqu’à blesser l’un des enfants. Quelques jours plus tard, cette fameuse fille fut obligée de changer d’établissement, mais Min Na n’eut plus d’ennuis de la part des garçons. C’est à partir de ce moment-là qu’elle commença à constamment chercher à s’entourer de personnes qui pourraient la défendre, car elle était bien trop souvent la cible des ennuis ou même des avances d’autres élèves.

Les années passèrent, et Min Na allait bientôt avoir 12 ans. Cette année 2006 fut sans doute la plus douloureuse et surprenante de toute sa vie. Elle était devenu plutôt fragile mentalement, aussi bien à cause de sa maladie que de son habitude à être la cible des ennuis. Mais ce n’était rien comparé à ce qu’elle allait apprendre aujourd’hui même. Min Na rentrait de cours, ça avait été une journée banale, comme les autres. Quand elle passa le pan de la porte, elle entendit les cris de sa mère, en larmes. Elle ne prit même pas la peine de réfléchir, claqua la porte, lâcha toutes ses affaires et accouru en direction des pleurs. Elle retrouva sa mère à genoux, les bras et la tête sur le lit familial, pleurant à chaude larme, ne retenant aucun de ses cris. Min Na se sentit aussitôt mal, imaginant le pire. Elle avait fini par comprendre que son père était victime d’une maladie sévère, mais étrangement, au fond d’elle, elle n’avait jamais envisagé qu’il pourrait partir, un jour. Et pourtant, sans même le demander à sa mère, elle comprit aussitôt la raison de ses pleurs. La jeune fille sentit elle aussi les larmes couler sur ses jours et se laissa tomber à côté de sa mère qui la prit aussitôt dans les bras. Elles restèrent un long moment accrocher l’une à l’autre. Min Na ne savait plus quoi penser, et continuait à espérer que ce n’était pas ce qu’elle croyait. Mais son père n’était pas à la maison, alors qu’il devait finir tôt aujourd’hui...

« Maman… maman ! » Min Na essaya tant bien que mal de se défaire un peu de son étreinte et d’articuler convenablement. Elle n’avait pas hésité à crier aussi fort que sa mère pour se faire entendre, et sa voix tremblante n’était rien comparée à celle de sa mère. Elle dû attendre encore quelques minutes avant de connaître clairement la nouvelle. « Ton père… a eu un accident… » Elle n’eut pas à en dire davantage. Min Na avait déjà compris depuis le début, et ça ne faisait que confirmer ses pensées. Elle pleura de plus belle et sauta le repas le soir même, tout comme sa mère. Le jour d’après, ce fut l’annonce de l’union de la Corée du Sud et de la Corée du Nord. La fille et la mère étaient bien trop secouées pour en ressentir quoi que ce soit, et de toute façon, Min Na ne s’intéressait pas plus que ça à la politique pour comprendre en quoi ça consistait, même si elle comprenait que c’était quelque chose de vraiment important dans l’histoire du pays. Min Na n’eut pas le choix de devoir continuer à vivre en pensant que la maladie qu’elle avait, bien qu’elle ne fût pas aussi sévère que son père, l’avait tué. L’accident qu’il avait eu en lui-même aurait pu ne pas être mortel, mais plusieurs hémorragies s’étaient déclarées dû à son hémophilie et il avait été impossible de le sauver. La mère de Min Na avait essayé de garder le sourire, pour sa fille, mais c’était loin d’être convaincant. Elle était également devenue encore plus protectrice : elle n’avait aucune envie de perdre sa fille après avoir perdu son mari.

Ce fut finalement Min Na qui décida d’être forte, pour sa mère. Elle avait essayé de se relever de la mort de son père, non sans avoir dû voir plusieurs médecins pour l’aider. À 18 ans, elle obtint la nationalité coréenne par son droit du sol et elle dû se tourner vers une voie pour son avenir. Elle avait développé plusieurs passions : elle aimait écouter de la musique, regarder des films d’horreurs, faire de longue promenade dans la nature, faire les boutiques et surtout, elle adorait se coiffer, faire de nouvelles coiffures, prendre soin de sa chevelure. C’est donc tout naturellement qu’elle finit par se tourner vers des études de coiffeuse. Elle avait également une « passion » plutôt spéciale, qui lui servait à se relâcher, oublier ses problèmes et toute la douleur qu’elle pouvait avoir de son passé et de sa vie actuelle, en sortant très régulièrement le soir. Pendant un moment, elle a même enchaîné les histoires d’un soir. Bien entendu, il s’agissait là de ses petites escapades nocturnes secrètes aux yeux de tout le monde.

Même après ça, Min Na n’était pas au bout de ses peines. Elle avait déjà entendu parler du Battle Royal, à vrai dire il était compliqué de ne pas entendre de rumeur à ce propos. Elle qui est plutôt du genre curieuse, elle aimait bien en connaître plus là-dessus, mais elle a toujours pensé que ce n’étaient que des rumeurs. Jusqu’à aujourd’hui.

Une nuit, elle fut soudainement réveillée par des hommes qu’elle n’avait jamais vus de sa vie. Sa mère était également là, en pleurs. « Je vous en prie, ma fille ne peut pas… elle est malade… je vous en prie… » Mais ils n’en avaient rien à faire. Elle dû rapidement préparer un sac, et elle comprit de quoi il était question. Ses yeux commençaient à lui piquer, mais elle fit ce qu’on lui demanda et prit surtout de quoi se soigner et quelques objets qu’elle chérissait. Sa mère avait déjà pris soin de lui apporter un plaid et tout ce qu’elle pourrait avoir besoin pour soigner son hémophilie. Elle aurait voulu la serrer une dernière fois dans ses bras, très fort, et peut-être lui promettre de revenir. Mais est-ce qu’elle en serait vraiment capable ? Elle ne put que lui lancer un dernier regard incertain et triste avant d’être embarquée par ces hommes. Sans trop savoir comment, elle se retrouva sur une vedette avec d’autres étudiants qui devaient avoir à peu près le même âge qu’elle. Elle les fixa en resserrant son étreinte sur le sac qu’on lui avait donné, où on avait transféré ses affaires. Qui de ces personnes allaient survivre ? Allait-elle s’allier avec l’un d’eux ? La peur la tétanisait, mais elle avait fait en sorte de bien prendre en compte les règles qu’on lui avait données. Le collier qu’elle avait autour du cou la démangeait, mais elle en avait bien trop peur pour oser le toucher. Une fois larguée dans la mer, elle réussit tant bien que mal à rejoindre la terre ferme, et à partir de la zone dans les quinze minutes. C’était un enfer. Comment allait-elle réussir à survivre là-dedans ? Elle qui, même chez elle, était proche de la mort... à partir de maintenant, elle devait vraiment essayer de survivre. En fait, elle se rendait compte pour la première fois de sa vie qu’elle n’avait vraiment pas envie de mourir. Qu’elle ne voulait surtout pas se laisser mourir.