Ma petite Si Ah.
Ton père et moi avons pleuré de joie lorsqu'on nous a apprit que tu étais encore en vie. On nous a également proposé de t'envoyer une lettre et c'est avec plaisir que nous le faisons. Ici, tout va plutôt bien et nous espérons te revoir bientôt. C'était ton anniversaire il y a quelques jours, et nous aurions tellement voulu le fêter avec toi, mais promis, on fera une grande fête tous ensemble quand tu rentreras.

Reviens vite
Ta maman qui t'aime

Mon bébé Hee Chul,

C'est maman, papa et moi sommes fiers de toi que tu ais tenu tout ce temps. Tu as dû passer des moments difficiles, j'espère que tout va bien pour toi, je ne peux pas m'empêcher d'être inquiète, ton père essaye de ne pas craquer tu connais ton père, jamais il ne voudra pleurer devant moi mais tu lui manques et tu me manques aussi. Même si on sait ce qu'est ce jeu, on espère que tu te sois fait un ami pour t'aider, on sait que ça doit être difficile pour toi mais tu es fort, on sait que tu reviendras sain et sauf. J'aurais pu écrire plus, mais je sais que tu as encore du mal à lire en braille et que ce n'est pas ta priorité de lire une énorme lettre mais n'oublie pas nous t'aimons plus que n'importe quoi mon bébé. Tu nous manques tellement, reviens nous, je t'en prie reviens vivant, je prie pour toi mon bébé.

Maman, qui t'aime de tout son coeur.

Salut princesse.

Toi et moi on ne se connaît pas. En fait, c'est un parfait hasard qui me pousse à écrire ses lignes, mais je sais que d'autres ne le feront pas, alors je veux que tu saches que tu n'es pas aussi seule que tu ne dois le penser aujourd'hui. Beaucoup de choses ont été le fruit du hasard ces derniers temps. Le premier d'entre eux, et peut être le plus malheureux a été ma rencontre avec ton frère. Je ne suis pas fier de l'avoir entraîné sur des voies qu'il n'aurait jamais du arpenté, si j'avais su, je ne l'aurais sans doute pas fait. C'est surement aussi un hasard qui m'a permis de te voir pour la première fois, alors que tu venais rendre ce que ton frère avait conservé. Comment ou pourquoi, je n'ai pas eu la force de t'approcher, surement que j'avais peur de ton jugement, ou quelque chose du genre. Je me sens coupable de ne pas t'avoir dissuadé de faire ça, de ne pas t'avoir chassé de ce quartier pendant qu'il était encore temps. J'aurais surement du le faire, mais je n'ai pas pu.

C'est aussi un hasard qui fait que je passais devant chez toi le soir où ils sont venus. Après avoir fouillé un peu et interrogé les gens j'ai fini par apprendre où tu étais. Je me souviens en avoir parlé avec ton frère, plusieurs fois. Vous vous menaciez parfois, l'un et l'autre. Si vous aviez su à l'époque, peut-être en auriez vous moins rit... Peut-être en aurions nous moins rit... Je suis navré de voir qu'après avoir souffert d'une tragédie, tu te retrouves sur une île à devoir te battre pour survivre. Mais je suis content et fier de voir que tu es toujours vivante.

Quand je suis passé chez toi pour rapporter des affaires retrouvées chez moi, qui appartenaient à ton frère, j'ai entendu parler de toi, de ta survie et de la possibilité de t'écrire. Tes parents ont refusé, ils ont nié en bloc et ont fuit la réalité de toute évidence. Peut-être te voient-ils maintenant comme le vilain petit canard sans vraiment comprendre que c'est un tirage aléatoire qui t'a valu une place sur le ferry en partance pour l'île... Moi je sais, je sais que tu n'as pas ta place ici, que tu étais la meilleure de ta classe et que tu aurais mérité une vie calme et sereine. Je sais que tu aurais été un bon médecin, que tu aurais aidé les gens. Et je sais aussi que c'est encore possible. Je sais que tu peux y arriver, j'en suis convaincu. Peu importe comment, et combien de temps cela prendra, peu importe les obstacles, je sais que tu le feras, et que tu seras fière de pouvoir enfin rentrer chez toi. Ton frère m'a beaucoup parlé de toi, il t'aimait et croyait en toi si fort que c'est pour ça qu'aujourd'hui je me retrouve à t'écrire. Sache qu'il n'a jamais cessé de croire en toi et que je sais qu'il ne cessera jamais d'être avec toi. Tant que tu te souviendras de lui, tant que tu croiras en lui, il sera là à chaque pas que tu feras. Tu n'es pas seule, jamais tu ne le seras.

Et si à ton retour tes parents nient, ou te rejettent, sache que tu ne seras pas seule. Peut-être que nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde, mais ton frère avait quelques amis parmi nous, de bons amis. Chacun de nous sera là pour t'aider et t'épauler. Nous ne t'abandonnerons pas, nous. Jamais. Quant à moi, je serais patient et je guetterais chaque moyen de pouvoir t'envoyer quelque chose. Même quelques mots. Une photo. N'importe quoi qui pourra te rappeler pourquoi tu te bats et pourquoi tu dois continuer à le faire.

Crois en toi, et n'ait pas peur.
Continue de vouloir rentrer chez toi et survis.
Tu n'es pas seule.

Jae Seong, mon coeur,

T’écrire cette lettre est sûrement ce que j’aurai fait de plus difficile de toute ma vie et pourtant nous savons tous les deux que nous sommes passés par beaucoup d’embûches pour en arriver où nous sommes maintenant. La vie n’a pas été tendre et elle continue de ne pas l’être, mais nous avons toujours tiré le meilleur de nos erreurs, de nos faiblesses et de nos victoires. Je croyais que le coeur d’une mère avait ses limites, mais je comprends maintenant que ce n’est pas le cas et j’en suis heureuse, parce que tu mérites tout l’amour du monde. Je t’aime, mon bébé. Et peu importe la façon dont ton périple se passe, je t’aimerai toujours autant. Ma joie de te voir revenir effacera tout ce que tu auras pu faire pour retourner à la maison, mon coeur. N’aie pas peur de mon regard et de mon jugement.

Je ne doute pas de tes capacités. Tu as toujours été tellement brillant, tellement persévérant. Tu trouveras une façon de me revenir, n’est-ce pas mon bébé ?  Je sais qu’une lettre, ce n’est pas un appel et encore moins une rencontre en tête à tête, mais il y a certaines choses que je ne t’ai jamais dit, les repoussant toujours à plus tard et c’est peut-être bien le moment pour ça maintenant. Ces choses peuvent se résumer très brièvement même si elles nécessitent plus de développement, et tu sais tout comme moi de quoi je parle. Mais pour commencer : je t’aime et je suis désolée. Je t’aime parce que tu es mon fils. Tout ce que j’ai et tout ce que j’aurai jamais. Ne t’inquiète pas pour moi, je vais très bien. Mais il y a des personnes irremplaçables sur cette terre et j’ai appris qu’elles étaient plus rares et plus précieuses que je le pensais. Je l’ai appris grâce à toi, merci. Je t’aime parce que tu es un garçon fantastique, un homme encore plus merveilleux. Et je t’aime aussi sans « parce que ». Juste parce que c’est comme ça et que ça le sera toujours.

Je suis désolée parce que je n’ai pas su te protéger quand tu en avais le plus besoin. J’aurais dût partir avant même que tu ne viennes au monde. Tu n’as rien à te reprocher. Toutes ces raisons pour lesquelles il levait la main sur toi étaient futiles. Il n’y a jamais d’assez bonne raison pour frapper un enfant et il n’y en aura jamais. Je sais que même si tu en parles peu, tu y penses toujours et j’aimerais tant pouvoir effacer son souvenir de ton esprit parce qu’il est si peu important. Il ne compte pas. Tu es ce que tu es parce que tu as réussi à le laisser dans un petit coin sombre de ton esprit, seul, abandonné. Et j’espère que tu continueras à le faire. Je suis désolée que ma lutte soit venue trop tard pour que tu puisses complètement l’oublier, malgré tout. Et désolée que ça t’aie fait douter de l’amour que j’ai pour toi.

Je voulais glisser quelques petites choses dans cette enveloppe, mais je crois qu’ils ne le permettront malheureusement pas. J’y ai néanmoins mis une photo. J’espère qu’elle te sera précieuse. C’était le premier été après que nous soyons partis de chez lui, je ne sais pas si tu te souviens. Ah, je suis sûre que oui, tu t’étais plaint tout le long du weekend de camping que le sol était trop dur, la tente trop chaude au matin, que les moustiques te piquaient, que tes guimauves avaient brûlées, que la pluie était froide... et j’en oublie plein ! Puis à ton retour, tu avais geint parce que tu voulais y retourner ! J’ai toujours aimé cette photo. Nous deux, près du feu, avec une de ces fameuses guimauves brûlées...!

Je vais devoir te laisser sur ces bons mots, malheureusement. Rassure-toi : ici tout va bien. Concentre-toi sur ce que tu dois faire et reviens-moi, mon petit homme. Je t’aime, je ne te le répéterai jamais assez.

Sois prudent,
n’oublie pas que je suis avec toi de tout coeur.
Ta maman qui t’aime xoxo

Salut mec !

T'es encore en vie ! Choi Hye Sung, Battle Royale, en vie. On a tous trouvé qu'il y avait un mot en trop dans cette phrase quand on nous l'a dit. Bon okay, c'est vache de dire ça. Mais on est surpris. Agréablement, forcément. On espère tous que tu profites à fond de cette vie au grand air, de la chasse et de la pêche, du vieux matelas pourri en guise de pieux. Dis-toi que c'est une expérience, que ça n'arrive qu'une fois dans la vie. Dès que tu reviendras, on est sûrs que tu manqueras pas de nous la faire, la morale. On te voit déjà nous dire qu'on est une bande de conformistes à la société de consommation, alors que toi tu t'es élevé à la vie à la sauvage, la vraie. Et là, on est sûrs que t'as un sourire à la con rien qu'en lisant cette lettre. Fais pas genre hein, t'es vachement de mauvaise fois quand tu t'y mets !

Plus sérieusement, Choi. Tu nous manques grave. Ton humour à la con, ta mauvaise foi... Même ta flemme nous manque, c'est dire ! On se dit souvent qu'on aurait bien besoin que tu sois là pour nous remonter le moral... Et on se rappelle que t'es plus là. Mais surtout, que c'est toi qui a besoin de nous. Qu'on t'encourage, qu'on te soutienne, qu'on te prenne dans nos bras, qu'on dise qu'il faut que tu reviennes. Maintenant, tu le sais : on t'attend et on pense à toi en espérant que tu galères pas trop, que t’arrive à rester motivé pour sortir de cette merde. Te dis jamais qu'il n'y a personne qui t'attends. On est plein à avoir hâte que tu reviennes.

On a pas mal réfléchit à ce que tu pourrais faire pour t'en sortir. On a même pensé à ce que nous, on pourrait faire. Cette lettre semblait la meilleure solution – même si l'autre génie de Nam a proposé un attentat, mais ça a pas fait l'unanimité.

Alors... Ouais, fais ce qu'on te demande de faire. Mais le fais pas pour nous. On te dirait de le faire, on sait que ça marcherait pas. Fais le pour toi, sur le long terme. Parce qu'on sait que t'as pas envie de finir tes jours dans cette galère.

On sait pas trop si cette lettre t'arrivera ou pas. Peut-être que ça sera celle de ta famille, ça serait plus logique. C'est ta sœur – Hye Rin – qui nous a amené la nouvelle. On est sûrs qu'elle t'ont écrit une lettre. Mais si c'est la notre qui te parvient, on fait passer le message, c'est la moindre des choses : tu manques à ta famille, et elles sont quatre à t'aimer fort et à te soutenir. On voit souvent tes trois frangines. Elles donnent l'impression d'aller bien, mais on sait bien qu'elle se font beaucoup de soucis pour toi. Et on sait aussi qu'elles te diraient la même chose que nous : fais ce qu'il faut pour t'en sortir.

On est bien d'accord, cette lettre vaut ce qu'elle vaut. Mais retiens juste ça : on est derrière toi, même si une bonne centaine de bornes nous séparent. T'es pas seul.

On t'aime, vieux !
(Et on espère que nos têtes de vainqueurs sur la photo qu'on t'envoie avec ce billet te remontent un peu le moral!)

Da Som, ma chérie.

Je ne sais pas si t'écrire cette lettre est une bonne idée... Mais je sais que ne rien t'écrire aurait été pire.

Ton père n'est pas là – comme toujours... Et peut-être aurait-il été plus habile pour coucher des mots plus réconfortants. Moi, je n'y arrive pas. C'est trop difficile. Mais saches que je t'aime de tout mon cœur et que je te soutiens. Comme toujours, garde ces mots en tête, maintenant plus que jamais : ne donne pas aux autres l'opportunité de te blesser, quitte à prendre les devants.

Je pense fort à toi ma chérie, et prie chaque jour pour que tu nous revienne au plus vite. Pardonne ma faiblesse pour ne pas savoir – pouvoir – t'en dire davantage.

Ta mère, qui t'aime fort.